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    Edouard FOSSE (1896-1988)

    Edouard Fosse, maire de Limay de 1964 à 1970, a fait partie de cette génération d’hommes, nés à la fin du 19e siècle et ayant vécu par deux fois le choc de la mobilisation générale et les affres des deux conflits majeurs du 20ième siècle. Sa jeunesse passée dans les tranchées et la cruauté des combats de la première guerre mondiale vont forger à jamais sa conscience d’homme viscéralement républicain. Durant tout le reste de sa vie, il s’engagera fortement, jusqu’à mettre en danger sa propre vie, pour défendre tant d’un point de vue moral que politique, les valeurs de courage, de démocratie et de liberté si durement retrouvées.

    Edouard Fosse passe son enfance et sa jeunesse à Mantes où son père est directeur d’école. Lors de la déclaration de la première guerre en août 1914, il a 18 ans et est alors étudiant à l’Ecole Normale des Instituteurs de Versailles. Il est mobilisé en 1915 en tant que soldat 2e classe. De 1916 à 1918, Il rejoint le 81e Régiment d’Infanterie où il se distingue déjà par son courage. Il est nommé par la suite caporal, sergent puis sous-lieutenant. Blessé plusieurs fois au cours de combats, il est cité par 5 fois à l’ordre de sa division dont la dernière en date fut le jour même de l’Armistice, le 11 novembre 1918. « Officier plein de bravoure et d’entrain, donne constamment l’exemple du plus pur esprit d’abnégation ». Il obtient également la Croix de Guerre avec l’étoile d’argent. Il est démobilisé le 21 septembre 1919 mais reste cependant dans l’armée de réserve où il obtient le grade de Capitaine en 1933.

    Après sa démobilisation, Edouard Fosse retourne à Mantes où il reprend son métier d’instituteur. En 1930, il est nommé Directeur de l’école des garçons de Limay, puis, trois ans plus tard, il prend la direction de la toute nouvelle école Ferdinand Buisson. Il reste toutefois très actif au sein de l’association des anciens combattants du 81e Régiment d’infanterie. Il milite également au sein de la SFIO et est franc-maçon (Grand Orient de France, loge « Liberté par le travail » de Mantes).

    Edouard Fosse dans sa classe en 1937– École Ferdinand Buisson - Ville de Limay

    Edouard Fosse dans les Ardennes avec 16° BCP en 1940 - Collection Michel Baudier

    Dès le début de la deuxième guerre mondiale, dès le 23 août 1939, il est mobilisé et fait le choix de commander une compagnie du 16e Bataillon de Chasseurs à Pieds afin d’être au plus près des hommes et du terrain. Nous connaissons ses exploits et sa bravoure lors de la bataille de France, grâce à Roland Dorgelès, auteur à succès contemporain d’Edouard Fosse qui le côtoya durant cet hiver 1939-1940. Il narra ses exploits dans un article intitulé « Un maitre d’école » publié le 15 février 1940 dans le journal Gringoire dont il est alors le correspondant de guerre.

    Le Capitaine Fosse s’illustre par la suite dans les Ardennes lors des combats de Tannay où, à la tête de la 3e compagnie du 16e BCP, il affronta le 24 mai l’armée allemande.

    Quelques jours plus tard, c’est la débâcle et l’armistice. Il est fait prisonnier par l’armée allemande en juin 1940 mais arrive à s’évader et à rejoindre la zone non occupée.

    De retour dans la région mantaise en septembre 1940, il est nommé Inspecteur des Ecoles Primaires intérimaire pour la circonscription de Mantes. Un de ses anciens élèves, Monsieur Adam, raconte se souvenir d’une de ses visites d’inspection des écoliers de Limay et qu’il avait été atterré par les conditions d’hygiènes et de santé déplorables dont souffraient alors les enfants.

    Dénoncé puis accusé pour appartenance  à la franc-maçonnerie, Il est révoqué par le gouvernement de Vichy en octobre 1941. Il peut alors compter sur le soutien de son ami Rolland Dorgelès qui adresse en décembre 1942 une lettre au ministre de l’Education Nationale, Abel Bonnard, pour demander sa réintégration. La demande de l’écrivain reçoit un avis favorable et M. Fosse fut  réintégré dans ses fonctions dès le 15 décembre 1942 « pour service exceptionnels rendus à l’Etat ».

    Pendant sa période d’inactivité professionnelle, M. Fosse occupe alors l’emploi de représentant en librairie, excellente couverture pour cacher ses diverses activités dans la résistance. En 1941-1942, il  prend alors la tête d’un groupe, rattaché à l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M) et travaille en liaison avec un autre groupe de la rive gauche de la Seine. Il fut alors chargé par Georges Lapierre de la reconstitution du Syndicat national des instituteurs dans la clandestinité. Il rejoint par la suite le groupe Libé Nord. Tous réclament des armes. Il échappe de justesse à son arrestation, et s’évade de France pour l’Espagne le 1er novembre 1943 où il rejoint les Forces Françaises Libres en Afrique du Nord Il est alors affecté à l’armée blindée à Raba (Maroc). Pendant ce temps à Limay et à Mantes, il reste recherché activement par les allemands. Ralliant ensuite Alger, il intègre la deuxième Division Blindée du Général Leclerc au grade de Capitaine. Il sera par la suite promu le 25 mars 1944, chef de bataillon de la 2e DB.

    Après un passage à Londres, il débarque en Normandie en août 1944. Commandant d’un bataillon de renfort de la 2e DB, il se trouve le 19 août à l’arrêt vers Alençon pour 4 jours avant de gagner Paris.  Il prend alors la décision d’essayer de gagner le Mantois pour prendre des nouvelles de sa famille qu’il n’a pas vue depuis 2 ans. Il sera ainsi le premier soldat français à entrer dans Mantes libérée depuis 48h par les troupes américaines, le 21 aout 1944. Il y reste quelques heures, le temps de prendre des nouvelles de ses proches et de contacter les autorités locales, avant de repartir pour Alençon par la campagne.

    Article du Journal de Mantes – 4 octobre 1944

    Edouard Fosse à Berchtesgaden – Collection Bruno Renoult

    Une fois revenu là-bas, il doit patienter jusqu’au 28 août pour repartir sur Versailles avec son bataillon. Le 29 août, il arrive à Versailles et rejoint aussitôt Paris libéré, convoqué par le Général Leclerc qui lui confie immédiatement la responsabilité du poste d’Adjoint au Commandant du 1er bataillon de Régiment de Marche du Tchad. Il participe ensuite à la campagne de France (libération de Strasbourg)  puis d’Allemagne. Il est promu Lieutenant-Colonel le 25 janvier 1945.

    Il finira la guerre le 6 mai 1945 dans le repaire du nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden (Bavière, Allemagne), 2 jours avant la signature officielle de l’armistice.

    Il aura alors l’immense satisfaction d’y donner l’ordre de faire sonner le « Cessez le feu », symbole de la fin de la seconde guerre mondiale, sur un clairon mantais.

    Article du Journal de Mantes – mai 1945

    Collection archives municipales. Monsieur Fosse et Monsieur Lecoq (Maire de Limay) - 1945

     

    À la suite de la capitulation de l’Allemagne, il a l’honneur de présenter ses troupes au Général de Gaulle le 19 mai 1945, près d’Augsbourg (haute Bavière).

    Une fois revenu en France, il participe aux fêtes de la libération de Limay.

    Collection archives municipales. Monsieur Fosse et Monsieur Lecoq (Maire de Limay) - 1945

    Edouard Fosse (Maire de Limay) accueille le Général de Gaulle (Président de la République) à Limay le 16 juin 1965.

    La guerre terminée, Monsieur Fosse resta encore 3 ans dans l’armée en tant qu’adjoint d’un Général Français. Il participa activement aux procès de militaires allemands, notamment celui d’Otto Von Stülpnagel qui fut le chef des forces d'occupation allemandes en France  d’octobre 1940 à février 1942.

    Il quitta l’armée en mai 1948 et fut promu Colonel de réserve en 1953

    Toutes ses actions lui valurent de nombreuses décorations : La Croix de guerre avec palmes, la Médaille Militaire, la Médaille des Evadés, la Médaille de la Résistance et fut décoré du grade de Commandeur de la Légion d’Honneur.

    Il fut par la suite conseiller municipal puis Maire de la Ville de Limay de 1964-1970.

     

     

    Il a également écrit deux livres : « Rallye Alger » et « Histoire de Limay ». 

    Aujourd’hui, une avenue et une allée des Hauts de Limay, ainsi que le Centre de loisirs de la ville portent son nom afin d’honorer la mémoire de ce grand homme.

    Il repose depuis 1988  dans le Cimetière de Limay

    Sources :

    Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article18250, notice FOSSE Édouard, Marcel par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 octobre 2008, dernière modification le 31 décembre 2008.

    Archives municipales

    Association Ardennes 40